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GEMBLOUX TRIATHLON CLUB
23 août 2009

CR Embrunman 2009

Voilà un compte-rendu de ma journée du 15 août 2009....attention c'est long !

A trois heures 40, le réveil sonne... je suis déjà réveillé depuis quelques minutes et j'émerge donc rapidement... Petit stress au moment du petit déjeûner, le patron de la maison d'hôtes où nous logeons n'a pas entendu son réveil et rien n'est prêt pour le repas... Renaud (un triathlète français qui loge là également) me sauve en partageant son gatosport avec moi et nous descendons finalement vers le lac entre 4h30 et 5 heures. Quand je rentre dans le parc à vélos, le stress redescend d'un cran... je ne vois finalement aucun surhomme à mes côtés mais plutôt 800 types qui ont mal dormi. Je discute avec mes voisins de parc et me promène à l'aise, je suis largement dans les temps. Je sais que ma préparation a été régulière, mais malgré tout un peu "maigre". J'ai essayé de m'inspirer un peu du plan de JFB mais ça n'a pas toujours été facile avec les semaines chargées au boulot, les tracasseries administratives pour l'achat de la maison, la grossesse de madame et, il faut bien le dire, parfois un manque de motivation/ d'organisation de ma part. Ma plus grosse semaine a été de dix heures, et j'ai donc accumulé depuis le 1er janvier : environ 2700 km de vélo (avec quelques bonnes sorties), un peu plus de 600 km de course à pied et un peu plus de 130 km de natation. J'ai reçu les derniers conseils de Jean-François qui a déjà fait Embrun plusieurs fois, et puis l'objectif est simple : terminer et choper ce fameux T-shirt de finisher.

Vers 5h40, j'enfile la combi, il fait frais mais ça va... C'est assez bizarre, je suis tout seul (pas de collègue de club ou autre...) mais je suis serein. Le jour n'est pas encore levé et je profite à 100% de ces instants... La vache, je suis vraiment au départ d'un des triathlons les plus durs du monde, et si tout se passe bien, je serai enfin un IM quelques heures plus tard... Ca fait tellement longtemps que j'attends ça que je ne compte pas lâcher le morceau facilement. A moins d'être hors délais ou de perdre une jambe, je m'interdis de penser à l'abandon.J'ai décidé de nager en souplesse (je nage trop souvent en surrégime et laisse habituellement trop de forces dans l'eau, je me rappelle encore de mes crampes à la sortie de l'eau au quart de l'eau d'heure) et me place donc vraiment derrière pour éviter les coups et la baston. Le départ est finalement donné et pendant 400m, je me dis que ce n'était pas la bonne option... Les gars autour de moi nagent trop lentement à mon goût et j'ai l'impression de ne pas avancer..Je ne m'affole pas, mais il faudra bien attendre le début de la grande ligne droite du retour pour avoir l'impression de nager enfin. Je fais un effort pour rester en aisance respiratoire complète, je nage en souplesse en essayant d'allonger au maximum (je pense aux conseils de Manu)... Le jour se lève doucement et je suis bien. Le deuxième tour se passe bien également, malgré quelques avertissements des kayaks (je tire trop souvent à gauche !). Je fais toute la deuxième ligne droite du retour à côté d'un autre triathlète, le rythme est impeccable pour moi... C'est déjà la sortie de l'eau, je regarde ma montre et m'attends à y lire un temps d'un peu plus d'1h10 et..... je vois que je sors en 1h pile !!! Youhou, merci Manu ! Ca confirme donc ma progression en nata et valide définitivement le choix d'une combi sans manches dans mon cas, je m'y sens bien mieux que dans une combi classique. Je sors 158e de la flotte, tout va bien.

NAT00199

Je sors de l'eau en trottinant et je me change complètement pour la partie vélo. Je risque de passer plus de huit heures sur une selle et j'opte donc pour une tenue confortable. J'ai longuement hésité, mais je pars finalement en pneus, avec deux chambres à air de rechange et des rustines, et j'ai tapé le tout dans un petit camelbak sans poche à eau. Un peu inhabituel, mais je l'ai sur le dos lors de chaque sortie vélo et ne serai donc pas "dépaysé". Je sors du parc en 1h08 environ.

Les deux premières heures de vélo se passent bien, je me ravitaille régulièrement, tout est en ordre. Je passe au rond-point de Barratier avec de l'avance sur mon programme, je croise madame qui m'encourage... C'est parti pour la plus grande boucle et les "vraies" réjouissances... Je roule sans faire attention aux autres, certains me dépassent à des allures de dingue mais je ne m'affole pas. Dans les gorges du Guil, je suis bien, quelques petits groupes me dépassent mais je parviens à ne pas trop me laisser déconcentrer, je reste dans ma course. Je trouve malgré tout incroyable que des gars draftent même à Embrun... no comment. Je sais que le gros morceau de la journée approche, le fameux col de l'Izoard. C'est évidemment l'inconnu, je pense que j'apprécie la grimpette à vélo mais je n'ai jamais fait de col.. Le début se passe bien mais à Brunissard, c'est le drame : je suis collé. Jusqu'au sommet, c'est un vrai calvaire, je dois essuyer une défaillance, une vraie. Mon 39x27 en 650 ressemble tout doucement à un 53x11, je me force à ne pas trop regarder devant moi car ce que je vois me fait peur... Comme je n'ai pas reconnu le col et que je sais que ce qu'annoncent les spectateurs au bord de la route est en général faux ("vas-y gamin, plus que deux virages et c'est le sommet".... je l'ai entendue celle-là !), je me base sur les petits panneaux qui donnent l'altitude à laquelle on se trouve et calcule ce qu'il me reste à faire... Je lutte pour ne pas mettre pied à terre, je n'ai pas de compteur mais je dois être à cinq à l'heure maximum... Je m'arrête finalement à l'ombre une ou deux minutes pour manger une barre et boire un peu. Je repars, c'est toujours aussi difficile... Chaque coup de pédale est un combat, je m'attendais à morfler mais là c'est encore pire que ce que j'attendais... Peu avant le sommet, un copain français me dépasse et on échange quelques mots. Cela me fait du bien et j'arrive finalement au sommet quelques secondes après lui. "J'engouffre" quelques tuc, un bout de sandwich au fromage, un peu de coca et après le traditionnel journal sous le maillot, j'attaque la descente sans prendre de risques.

velo

Je repère mon copain et sa tenue jaune deux virages plus bas et je me force à le garder en point de mire. Jusqu'au sommet de Pallon (encore une sale côte, elle fait bien mal !), je parviens à le garder dans mon champ de vision, mais je le perds finalement peu après. Le retour n'est pas facile, le vent est souvent de face et je vois de nouveau les tricheurs habituels (le manque d'arbitres sur la course a été soulevé sur de nombreux forums)... Le retour vers St André d'Embrun me paraît horriblement long, il fait toujours aussi chaud et je commence à lâcher un peu mentalement... La plus longue sortie de ma prépa était de 150 kilomètres environ, pas de grosse surprise donc que ça devienne difficile... Chalvet (que j'ai pu reconnaître) se profile finalement à l'horizon, je m'accroche en sachant que c'est vraiment la dernière difficulté. C'est encore pire que dans l'Izoard, j'ai des crampes de tous les côtés, je dois être à 3 ou 4 à l'heure tout le long. Des "locaux" ont sorti les tuyaux d'arrosage pour les concurrents et je leur demande de m'arroser copieusement dès que j'en croise un.. Au sommet de Chalvet, les crampes sont trop fortes, je dois de nouveau mettre pied à terre. J'ai des crampes aux quadris et aux ischios en même temps, je ne sais pas quoi faire pour les faire passer... Je me baisse un peu et..... crampe aux abdos !!! Bref, j'ai l'air malin au bord de la route sans savoir comment me mettre.. deux ou trois minutes passent, des concurrents me demandent si ça va, je les rassure d'un geste. Je parviens finalement à remonter sur mon vélo et entame la descente (au revêtement réellement dangereux...!!!), avec des crampes..... aux doigts cette fois !! Je suis debout sur les freins et plus moyen de déplier mes mains, il est vraiment temps que ça se termine ! J'arrive finalement au parc à vélo après 8h14 de vélo en sachant que le marathon risque d'être épique... J'ai perdu 223 places à vélo...

Au départ du marathon, je vois soudain Guy et ses encouragements me font du bien, je lui fais signe que je suis mort..Je parviens à "courir" sur les trois premiers kilomètres, mais c'est (déjà !) très pénible... au niveau musculaire, je suis cassé, et je sens bien que le réservoir est vide. Je tente donc de boire et manger à chaque ravito mais la digestion est pénible, j'ai une brique sur l'estomac. Je finis finalement par marcher, je n'en peux plus. Malgré les encouragements, pas moyen de redémarrer, je suis trop cuit. Je ferai finalement les deux tiers du premier tour en marchant. Je tente de me refaire une santé et j'attaque le deuxième tour en trottinant.

cap

J'accroche tant que je peux les concurrents qui me dépassent, je dois être ridicule avec mon allure minable à huit à l'heure, mais je fais ce que je peux... les kilomètres passent, je me rends compte que les quinze heures sont possibles, mais je lâche finalement l'affaire, 14h59 ou 15h01 c'est de toute façon anecdotique aujourd'hui. Je dépasse plusieurs triathlètes couchés par terre avec des gens de la croix rouge à leurs côtés, certains sont en train de vomir dans les buissons...Je prends conscience que la journée a été longue pour tout le monde, et que le triathlon longue distance est quand même un truc à part, quoi qu'on en dise. Je ne sais plus qui disait que "l'IM, c'est la gestion des défaillances", mais c'est finalement tellement vrai ! Peu à peu, la ligne se rapproche et je franchis finalement l'arrivée après 15h et 3 minutes... je suis enfin un IM, c'est génial, j'ai la banane mais je suis défoncé. J'ai perdu encore 85 places pendant le marathon, je suis finalement 466e. J'ai parcouru le marathon en.....5h35 (oui madame !) avec beaucoup de marche.

fin

Le ravito d'arrivée (deux trois gobelets remplis de boisson Inkosport) est une véritable honte, mais je m'y attendais... Je marche un peu, mais je sens bien que ça ne va pas très fort, je sens la chute de tension arriver. Après quelques minutes couché par terre, les derniers gobelets de boisson énergétique repassent et ça va déjà beaucoup mieux. Je retrouve finalement madame, on rentre doucement mais je suis incapable d'avaler quoi que ce soit. Le système digestif a bien morflé, j'avale un demi coca du MacDo et me fous dans mon lit après une douche rapide. J'ai perdu six kilos en une journée et j'ai le visage creusé, c'est vraiment fou. Je m'endors finalement directement. C'est génial, je suis un EMBRUNMAN !!!

* Temps total : 15h03'21 (1h00'53" de nata, 6'55" de T1, 8h14'12" de vélo, 6' de T2, et 5h35'24" pour le marathon). Anecdotique, je voulais le T-shirt, je l'ai eu. Le reste je m'en fous un peu. On pensera au chrono la prochaine fois...

Je retournerai sûrement à Embrun un jour, mais avec encore plus de kilomètres vélo dans les jambes. C'est évidemment la clé pour ce genre d'épreuve! Même si certaines choses sont à améliorer, Embrun reste un triathlon à part.... c'est (très) dur, il faut bien le dire, mais quel plaisir de faire du sport dans un cadre pareil ! Pierre, ça te plaîrait je pense !

 

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